Voyons-y de plus près…
Partons de la base
La montagne de végétaux de la mosaïculture est assemblée sur une base métallique. C’est le dessin préétabli par les concepteurs qui guidera le travail. La structure, composée d’acier, d’acier inoxydable ou d’aluminium doit être conçue de manière à résister aux intempéries. Avez-vous déjà soulevé de la terre mouillée? Dites-vous que 30lb de terre humide équivaut à un poids de près de 40lb! La solidité de l’armature n’est donc surtout pas à négliger.
La forme est ensuite recouverte d’une toile géotextile. Un terreau spécifiquement conçu, composé de mousse de sphaigne et de fibre de noix de coco, entre autres, est ensuite ajouté. Dans le milieu horticole, on le décrit comme matériau de vie tellement il joue un rôle important. Pour éviter des trous d’air, il faudra penser à légèrement compacter le substrat et même à prévoir des séparateurs pour éviter l’affaissement.
Viennent ensuite les milliers de végétaux
L’œil peine à réaliser que des dizaines de milliers de plants composent les œuvres tellement les massifs sont garnis. Au Parc Marie-Victorin, la représentation du Frère Marie-Victorin est composée de 13 400 plants! Puisqu’elle atteint 6 mètres de hauteur, une nacelle est nécessaire lors de la confection de sa tête au printemps. Horticulteur ayant le vertige s’abstenir!
La patience est de mise. Pour chacune de nos 12 mosaïcultures, les boutures enracinées devront être insérées une à une avec un plantoir qui sert à perforer la membrane. Ce travail, très long, peut nécessiter jusqu’à trois semaines de travail d'une douzaine de personnes selon la grosseur de l’oeuvre! L’alternanthère et la santoline sont souvent les favorites en raison de la variété de leurs feuillages. Le sedum fait aussi un bel effet! Ces plantes sont sélectionnées pour leurs qualités à croître autant sur des surfaces horizontales que verticales. Vigoureuses, elles ont aussi la capacité de se densifier, lorsque taillées.
Aux Mosaïcultures internationales de Montréal en 2013, il fallait lever les yeux jusqu’à une hauteur de 16 mètres, soit la hauteur d’un immeuble de six étages, pour observer l’une des structures végétales. On disait même que les horticulteurs avaient dû suivre un cours d’escalade pour la gravir! Plusieurs millions de plants servent à la confection des tableaux lors d’un rendez-vous mondial. Tout est pensé pour éblouir!
Mais comment assurer l’entretien de ces géants?
De 1998 jusqu’en 2002, les horticulteurs du Parc Marie-Victorin avaient inventé une technique bien à eux. Ils inséraient des pots de quatre pouces de diamètre dans la structure de métal en les reliant à une tubulure qui servait à l’arrosage. Considérée comme révolutionnaire à l’époque, mais aussi compliquée, la technique a été mise de côté.
Le bon vieux boyau d’arrosage fait aujourd’hui très bien le travail! Pour garder la forme souhaitée, on imposera aux plants une taille par semaine. Pour éviter que leur travail soit anéanti par une redoutable ennemie, la maladie fongique, les horticulteurs vont également travailler en prévention. Si l’édifice de béton est une structure froide, la mosaïculture qui fait la même hauteur a besoin de la chaleur estivale pour s’épanouir. Le gel venu, elle se laissera aller. Composée d’annuelles, elle prendra de nouveaux habits le printemps suivant!
Les pionniers d’un monde enchanté
Quelle ville n’a pas eu, à une certaine époque, son horloge fleurie ou son blason composé de plantes? La méthode d’ornementation se pratique le plus souvent en deux dimensions. À l’époque élisabéthaine, l’histoire nous indique que les parterres de broderies embellissaient monastères et domaines aristocratiques. Ce n’est qu’à la fin des années 90 cependant que la conception de mosaïcultures 3D prendra véritablement son essor.
C’est au Parc-Marie-Victorin que la première mosaïculture tridimensionnelle a vu le jour. Une première que l’on doit à l’horticulteur Normand Francoeur qui, en collaboration avec un conseiller technique de Cascades, monsieur Daniel Paradis, avaient conçu un jardinier. Un proche parent de celui-ci, que l’on surnomme le gardien de notre potager santé, est d’ailleurs au nombre des 12 mosaïcultures 2D et 3D dispersées dans le Parc. Elles sont notre signature horticole! Une image qui rayonne d’ailleurs partout dans le monde, grâce au partage de nos connaissances.
Les mosaïcultures du Parc Marie-Victorin sont un secret bien gardé au Centre-du-Québec! Le Frère, le papillon amiral, la salamandre maculée, la grenouille, l’abeille, la libellule, la tortue serpentine, la dame, les zostères marines, les macareux moines, le jardinier et la flore laurentienne sont les vedettes de nos jardins!
Au cœur du Parc, un filet d’eau mène le visiteur jusqu’à la mosaïculture représentant le scientifique et l’éducateur qu’a été le Frère Marie-Victorin. Mais, que pourrait bien penser le Frère devant sa représentation en format géant? Une certitude, nous savons qu’il était un grand botaniste!
On vous invite à venir admirer nos incroyables mosaïcultures cet été en empruntant le Parcours du géant. À nos parcours déjà fort appréciés s'ajoutent la serre tropicale, le Jardin des oiseaux ou le Sentier des curiosités ainsi que nos salles d'expositions. De quoi amuser toute la famille.
Le Parc Marie-Victorin est ouvert jusqu’au 11 octobre!